La Liturgie des Heures nait de l’exhortation de Jésus à prier toujours, tout au long de la journée, afin de sanctifier chaque instant et ne jamais arrêter de glorifier Dieu Père. C’est une façon pour le chrétien de vivre en communion avec Christ à chaque instant de sa vie, en scandant les jours avec des moments de prière qui peuvent avoir lieu à l’Église ou simplement chez soi, ou où il vous le soit possible et pratique.
Jésus s’est recommandé : « Il faut prier toujours, et ne point se relâcher » (Luc 18,1). L’Église obéit à ce précepte, outre qu’avec les célébrations et l’Eucharistie, avec la Liturgie des Heures, en élevant chaque jour des prières et des louages à Dieu Tout-Puissant. Cette ancienne tradition chrétienne sanctifie tout le cours de la journée et de la nuitée, en adaptant ses cycles à ceux du temps quotidien et en faisant correspondre la célébration des Heures à leur véritable temps au cours de la journée.
La Liturgie des Heures établit un moment de dialogue entre Dieu et les hommes et la conséquente sanctification de l’homme grâce à la parole salvatrice de Dieu célébrée en elle. En effet, la Liturgie des Heures se compose fondamentalement de la lecture de la Parole de Dieu et de Psaumes différents selon les jours et l’heure.
Tous les contenus célébrés par cet Office dérive des Saintes Écritures : les lectures, les hymnes, les psaumes entonnés devant Dieu. Les prières, les oraisons et les chants aussi sont d’inspiration biblique. L’Église prie et chante, en réunissant les fidèles dans une célébration commune de foi et d’amour vers Dieu.
Outre louer et glorifier Dieu, la Liturgie de Heures est une supplication que les fidèles adressent au Père à travers le Fils, un moment dédié aux vœux, aux souhaits, aux espoirs de chacun et de la communauté réunie qui prie afin de conjurer les soucis de l’existence et pour le salut de tout le monde. Comme Christ s’immola pour l’humanité, en faisant de sa vie et de sa mort une prière vibrante à Dieu, ainsi les chrétiens prient pour eux-mêmes et pour tous leurs frères, guidés par un célébrant qui devient le porte-parole et qui les conduit par la main vers cette rencontre quotidienne avec Jésus.
Comment réciter la Liturgie des Heures
La prière publique et commune est fondamentale dans la vie de chaque chrétien et de l’Église dans son entièreté. Déjà l’Église primitive exhortait à la prière privée et commune, à des heures établies. Bientôt se diffusa la coutume de célébrer les prières communes à des horaires spécifiques, comme la dernière heure du jour, ou la première heure, au lever du soleil. Les Pères de l’Église retrouvèrent dans les Actes des Apôtres les références à de nombreux moments à dédier à la prière. Avec le temps, toutes ces prières communes, subdivisées au cours de la journée, furent mises en ordre et vinrent à former la Liturgie des Heures ou Office divin, une prière de louage et de supplication de l’Église avec Christ et à Christ, enrichie de lecture bibliques, cantiques et hymnes.
La Liturgie des Heures alla à la rencontre de l’exigence des moines médiévaux de se réunir pour prier ensemble, à différents moments de la journée. En effet, elle peut être suivie de manière privée, domestique, personnelle ou bien comme moment de prière communautaire.
La réforme de Saint Benoît décréta la règle à appliquer à cette coutume, en établissant les différentes heures de la journée où les moines devaient se retrouver pour prier ensemble et les modalités pour le faire.
La structure imposée par la réforme, et valable en réalité encore aujourd’hui pour de nombreux ordres monastiques, contemplait six moments de prière diurnes (les Laudes au lever du soleil, la Prime à 6h00, la Tierce à 9h00, la Sexte à 12h00, la None à 15h00 et les Vêpres au coucher du soleil), une prière avant de se coucher (Complies) et trois moments de prière nocturnes (les Vigiles) qui furent ensuite réunit dans les Matines.
L’usage de la Liturgie des Heures se diffusa rapidement également en dehors des monastères. Dans le Moyen Âge, commencèrent à circuler des livres appelés Bréviaires, qui contenaient les textes à réciter aux différentes Heures.
Avec la réforme du Concile Vatican II, la pratique de la Liturgie des Heures a été simplifiée : la Prime a été éliminée, les Matines sont devenus l’Office des Lectures et peut être récité à n’importe quelle heure, les Heures Tierce, Sexte et None ont été unifiées dans l’Office du milieu du jour, avec la possibilité de choisir à quelle heure le réciter.
Le Concile réduisit également la structure de la Liturgie des Heures en subdivisant les 150 psaumes en un cycle de 4 semaines, dit Psautier, au lieu d’une seule semaine, et en en éliminant certains particulièrement violents pour langage et contenus. Le schéma des Complies est par contre organisé sur une seule semaine.
Toujours le Concile Vatican II a décrété que, tandis que les presbytres et les évêques doivent pratiquer la célébration de la Liturgie des Heures dans sa forme intégrale et les évêques et les diacres doivent réciter les trois Heures majeurs, les fidèles aussi sont tenus à célébrer chaque jour au moins les Heures canoniques, i.e. les Matines au début de la journée et les Vêpres au coucher du soleil. Pour les ministres sacrés célébrer la Liturgie des Heures est une obligation personnelle, même s’ils sont seuls. Leur devoir est de maintenir vif et constant l’engagement de l’Église de prier chaque jour, incessamment. L’évêque tient lieu de Christ, en tant que prêtre suprême et pasteur pour tout le troupeau. La vie spirituelle des fidèles dépend de lui, et il doit donc être le premier dans la prière, même quand il est seul. Quand il célèbre la Liturgie des Heures pour la communauté, il le fait au nom de toute l’Église, tout comme les prêtres le font pour invoquer la protection de Dieu sur tous les fidèles qui leur ont été confiés. Cette tâche est très importante pour les prêtre, auxquels il est permis de négliger les Heures uniquement dans des cas d’empêchement graves.
Nous pouvons donc résumer schématiquement la Liturgie des Heures de cette manière, en la divisant entre Heures canoniques et Heures mineurs :
– Office des Lectures (une des Heures mineurs, qui autrefois s’appelait Matines, et qui peut être célébré à n’importe quelle heure)
– Louange du matin (une des Heures canoniques, célébrée au début de la journée)
– Milieu du jour (une des Heures mineurs, autrefois subdivisée en Tierce à 9h00, Sexte à 12h00 et None à 15h00)
– Vêpres (la deuxième des Heures canonique, à réciter au coucher du soleil ou avant le dîner)
– Complies (une des Heures mineurs, les prières à réciter avant d’aller coucher).
Le Rite ambrosien et le Rite roman
Le Rite ambrosien et le Rite roman dans le temps se sont différenciés dans la célébration de la Liturgie des Heures.
Dans le Rite roman les différentes heures représentent de nombreuses prières et éléments en commun.
Que la journée commence avec l’Office des Lectures ou avec les Louages du matin, on récite un psaume invitatoire avec son antienne qui se répète à chaque entier.
Ensuite, chaque Heure tout au long de la journée s’ouvre avec le verset « Sauve-moi, ô Dieu » du psaume 69, suivi par le Gloire.
Suit un hymne et trois psaumes ou un psaume unique divisé en trois parties, chacune précédée par une antienne. Les psaumes changent selon l’Heure qu’on est en train de célébrer : dans les Louages du Matin le deuxième psaume est remplacé par un cantique de l’Ancien Testament ; dans les Vêpres le troisième psaume est un cantique du Nouveau Testament ; dans l’Office des Lectures le psaume est un seul, mais long et divisé en trois parties ; dans le Milieu du jour est prévue une section alphabétique du Psaume 118 et les psaumes de procession ; dans les Complies il n’y a qu’un seul psaume, à l’exception du samedi et du mercredi, qui en prévoient deux.
Ensuite on entonne une lecture biblique brève ou longue avec son répons.
Les Louages et les Vêpres prévoient également un cantique tiré de l’Évangile : le Benedictus ou Cantique de Zacharie pour les Louages ; le Magnificat ou Cantique de la Vierge Marie pour les Vêpres.
Les Complies contiennent également le Nunc dimittis ou Cantique de Siméon, introduit et suivi par son antienne.
Après les Louages, on prononce les Invocations, après les Vêpres les Intercessions, suivies par un Notre Père.
Une oraison finale conclut chaque heure.
Le Rite ambrosien présente un balayage plus diversifié et prévoit différentes exceptions et célébrations particulières lors d’une festivité comme l’Avent, Noël, Carême, Pâques.
L’Office des lectures s’ouvre également avec le verset « Sauve-moi, ô Dieu », tiré du psaume 69, suivi par le Gloire, auquel suivent un hymne et le Cantique des trois enfants du Livre de Daniel ; on entonne donc une Psalmodie composée de trois psaumes du lundi au vendredi, d’un cantique et de deux psaumes le samedi et de trois cantiques le dimanche ; deux lectures sont donc prévues, une biblique et une patristique ou hagiographie ; l’Heure se conclut avec l’oraison propre au jour et avec l’acclamation : « Bénissons le Seigneur » – « Rendons grâce à Dieu », à moins que les Louages ne suivent pas tout de suite.
Les Louages du matin aussi, à moins qu’ils ne soient pas récités tout de suite après l’Office des Lectures, s’ouvrent avec le verset d’introduction ; ensuite, on entonne l’antienne pertinente et le Benedictus, suivi par la première oraison ; la Psalmodie se compose d’un cantique de l’Ancien Testament avec l’antienne respective, de deux psaumes de louage avec antienne et d’un psaume matinal récité debout ; suit la deuxième oraison et donc un hymne ; en guise de conclusion des Louages, on récite les Acclamations à Christ Seigneur, suivies par le Notre Père.
Le Milieu du jour (Tierce – sexte – none) est salué par l’habituel verset d’introduction, suivi par un hymne adapté à l’heure choisie pour la prière ; suit une psalmodie formée par trois psaumes ou parties de psaumes ; ensuite on passe à une Lecture brève et à un Répons bref ; la célébration de l’Heure se conclut avec une Oraison et une Acclamation.
Les Vêpres s’ouvrent avec le Lucernaire « Le Seigneur soit avec vous » – « Et avec votre Esprit » dans les célébrations communes, ou « Seigneur entend ma prière » – « Que mon cri parvienne jusqu’à toi » dans les célébrations privées ; on récite l’hymne, accompagné parfois d’un épisode de la vie du saint du jour ; la psalmodie prévoit deux psaumes ou parties de psaumes avec antienne pour le dimanche, les féries et les mémoires, un psaume suivi par les psaumes 133 et 116 dans les solennités et les fêtes, avec la doxologie finale (Gloire au Père) ; on récite donc la première oraison suivie par le Cantique du Magnificat, excepté le vendredi de Carême et pendant les féries de la Semaine Sainte ; on récite donc la deuxième oraison suivie par la Commémoration du Baptême, qui consiste à réciter un cantique du Nouveau Testament ; à l’occasion de fêtes particulières dédiées aux saints, on récite une antienne spécifique en l’honneur du saint ; l’Heure se conclut avec les intercessions, le Notre Père et la formule finale, qui varie en fonction si la célébration est publique ou privée.
Les Complies s’ouvrent avec le même verset d’introduction, précédé par « Convertis-nous, Dieu, notre salut » – « Et détourne ta colère de nous » ; suivent l’hymne et la psalmodie et ensuite la Lecture brève et son Répons ; on entonne donc le Cantique évangélique Nunc dimittis avec son antienne ; en conclusion, on récite une oraison et une des Antiennes à la Sainte Vierge ; après les Complies, un examen de conscience est prévu ; s’il s’agit d’une célébration communautaire, le célébrant conclura en disant : « Reposons en paix » – « Nous veillerons avec le Christ ».