Le monde moderne a la capacité de tout mettre en discussion. Des traditions séculaires, des gestes répétés pedant des millénaires, par d’innombrables générations d’hommes, même des rituels codifiés dans le temps et restés invariés depuis toujours demandent à être modifiés, ajustés aux nécessités des hommes modernes. Il ne s’agit pas toujours d’une tendance à vouloir rendre plus compliqué ce qui, en soi, du moins en raison de sa gestion longue et expérimentée, ne l’est pas. Dans certains cas, il s’agit de devoir ajuster certaines réalités aux contingences modernes, en inventant des nouvelles modalités, des variations sur le même thème, pour répondre à des exigences essentielles.
C’est le cas des hosties pour cœliaques, de la nécessité émergeante de ces dernières années de satisfaire cette nouvelle catégorie de fidèles contraints, de par leur pathologie, à voir l’Eucharistie comme une probable menace à leur santé.
La maladie cœliaque est une pathologie récente. Il s’agit d’une inflammation chronique de l’intestin grêle, causée par l’ingestion du gluten une composante protéique de certains céréales, en premier lieu le froment. La maladie cœliaque peut se manifester avec différentes symptomatologies, de la diarrhée au développement de maladies auto-immunes et, si elle n’est pas diagnostiquée et soignée, peut amener à l’apparition de pathologies même mortelles.
Jusqu’ici, tout est clair : la maladie cœliaque est une des nombreuses maladies “modernes” dont on n’entendait même pas parler jusqu’à il y a quelques décennies. Qu’est-ce qui a réellement changé ? Outre le fait qu’on a identifié le problème, et qu’il est plus facile à diagnostiquer, il faut prendre en considération le fait qu’aujourd’hui, dans le monde entier, on consomme une grande quantité de nourriture à base de céréales, et, comme si cela n’était pas suffisant, malheureusement ces céréales ne sont plus celles du passé. La plupart des entreprises qui produisent du pain et des produits de boulangerie, mais aussi les boulangers eux-mêmes utilisent en effet des farines qui contiennent plus de gluten qu’autrefois. Il s’agit des “farines de force”, qui, avec leur plus grande élasticité, sont bien plus faciles et rapides à travailler. En même temps, par contre, le pain produit avec ces farines oblige notre organisme à un énorme travail et peut causer, chez des individus prédisposés génétiquement, à l’apparition d’intolérances, comme par exemple la maladie cœliaque. De fait, la maladie cœliaque est une pathologie auto-immune avec lequel notre organisme réagit à une “agression” de la part du gluten.
Mais venons au thème de cet article, i.e. la nécessité de produire et distribuer des hosties sans gluten pour cœliaques qui s’est créée dans les dernières années. Si nous nous attardons à examiner comment on produit l’hostie pour la communion, nous nous rendons compte immédiatement qu’elle peut représenter un problème non négligeable pour ceux qui souffrent de cette pathologie et ne veulent justement pas renoncer à l’Eucharistie. Si nous prenons en considération les ingrédients de l’hostie consacrée utilisée pendant la messe, nous réalisons en effet qu’il s’agit d’eau et de farine de froment. Et c’est ici que les problèmes commencent pour ceux qui souffrent de la maladie cœliaque.
La première solution qui a été identifiée est celle de réaliser des hosties sans gluten, adaptées aux cœliaques. Ces dernières peuvent être produites globalement de deux manières différentes : ou bien en utilisant des farines avec un faible contenu de gluten, comme certains types d’amidon de froment, ou en éliminant entièrement le gluten et en ajoutant d’autres substances au mélange pour rendre la panification possible, même en l’absence de gluten.
Mais la Congrégation pour la Doctrine de la Foi a tout de suite été très claire à ce sujet : l’ajout de telles substances rendraient l’hostie “matière invalide pour l’Eucharistie”, et, en même temps, le totale manque de gluten.
La première solution reste donc valable, mais, même dans ce cas de figure, la question des hosties pour cœliaques a généré pendant ces années beaucoup de confusion et de doutes.
Essayons d’apporter donc un peu de clarté.
Tout d’abord, le premier conseil pour tous ceux qui souffrent de la maladie cœliaque, surtout sous des formes particulièrement graves, est de prévenir son prêtre du problème, de manière à ce qu’il puisse agir de la manière la plus sûre. En effet, il n’est pas suffisant qu’il utilise des hosties pour cœliaques pour ceux qui les demandent. Il faudra prêter beaucoup d’attention aussi à la patène et au ciboire, récipient consacré à accueillir les hosties consacrées. Il suffit en effet que l’hostie sana gluten entre en contact avec les hosties normales pour qu’elle puisse créer des problèmes à qui l’ingère.
En juillet 2017, la Congrégazione pour le culte divin et la discipline des sacrements grâce à la “Lettre sur le pain et le vin pour l’Eucharistie”, qui définit les normes à suivre pour le pin et le vin destinés à l’Eucharistie, a déclaré que le Saint Siège approuve les hosties qui contiennent ne serait-ce qu’une quantité minimum de gluten.
De quelle quantité s’agit-il ?
Selon l’Association Italienne Cœliakie (AIC), les hosties adaptées pour les cœliaques doivent être ou entièrement sans gluten (en réalité elles ne peuvent pas l’être à défaut de devenir matière invalide pour l’Eucharistie, mais elles ont un contenu maximal de 20 mg/kg de gluten) ou, en alternative, avec un contenu très faible de gluten (contenu maximal de 100 mg/kg).
Mais l’AIC va au-delà. Surtout pour une question de respect et d’intégration des enfants et des jeunes cœliaques, elle demande que l’hostie eucharistique soit sans gluten pour tout le monde, indistinctement, afin d’éviter toute différenciation qui pourrait être déstabilisante d’un point de vue émotif pour les jeunes, surtout dans le cadre de leur croissance spirituelle. Elle invite donc les prêtres à œuvrer dans la sécurité des malades, mais sans faire recours à des manœuvres trop évidentes, qui puissent faire sentir les fidèles cœliaques “différents”, surtout les plus jeunes, et suggère pour les célébrations importantes et collectives, comme celles de la Première Communion et de la Confirmation, l’utilisation d’hosties pour cœliaques pour tous, indistinctement, lors de la Communion.
Dans ce but, l’Association Italienne Cœliakie, de commun accord avec l’Aoecs, la Fédération des Associations Cœliakie européennes, a envoyé une lettre au Pape demandant que l’utilisation des hosties sans gluten deviennent la norme dans le monde entier.
Pour le moment, en tout cas, il est suffisant que dans chaque paroisse on tienne compte des exigences des fidèles affectés par la maladie cœliaque.
Lors de la Consécration, il est fondamental que les hosties pour les cœliaques soient dans un ciboire à part, facile à remarquer, posée de manière à ne pas entrer en contact avec les hosties normales et même pas avec leurs miettes, de façon à éviter la contamination.
Dans le Tabernacle aussi, il faut conserver une quantité suffisante de Pain eucharistique à l’intérieur d’un ciboire soigneusement fermé.
Le Calice qui peut être offert dans certains cas aux fidèles, doit également être différencié. D’habitude, en effet, l’hostie est immergée dans le vin (immixtio), et si l’hostie n’est pas sans gluten, elle peut créer des problèmes. Il sera pourtant nécessaire d’utiliser deux calices différents, tous les deux consacrés, et dans celui pour cœliaques il faudra éviter l’immixtio.
En ce qui concerne la vente des hosties sans gluten pour cœliaques, ces produits sont facilement disponibles dans de nombreux magasins d’articles religieux et dans les magasin en ligne spécialisés. Dans ce cas-ci aussi, un conditionnement correct et un transport attentif aux contaminations doivent être garantis afin de préserver la sécurité des personnes intolérantes.