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Le Voile de Manoppello : les mystères de cette sainte relique
16 septembre 2024
Tempo di lettura: 6minuti
Le Saint Suaire, le Voile de Véronique, le Voile de Manoppello : les représentations miraculeuses du visage de Christ fascinent et partagent croyants et experts à travers les siècles.
Parmi les nombreuses reliques qui ont été transmises à travers l’histoire de la chrétienté, certaines résulte toujours extrêmement fascinantes. En particulier, pensons à celles qui représenteraient le visage de Christ, comme le Voile de Véronique, le Suaire de Turin et le Voile de Manoppello. Il est tout à fait compréhensible que ce genre de relique exerce une fascination si profonde pour les croyants : pouvoir avoir même une simple et vague perception du visage saint de Jésus est un souhait qui nous unit tous.
Une des caractéristiques qui rassemble ces reliques est que, selon la tradition, elles seraient acheiropoïètes, non dessinées ou peintes par main humaine. Souvent ces reliques sont également confondues l’une avec l’autre. Le voile que Véronique, disciple de Jésus, utilisa pour tamponner le visage de Christ pendant la montée au Calvaire, est parfois appelé « suaire de Jésus-Christ », mais il s’agit d’une définition erronée, car le Voile montre uniquement le visage présumé de Jésus, tandis que le Saint Suaire, par exemple, montre Jésus en entier, exactement comme on pourrait s’y attendre d’un suaire utilisé pour enrouler un corps sans vie.
En ce qui concerne le Voile de Manoppello, lui aussi comme le Voile de Véronique nous montre uniquement le visage d’un homme, avec barbe et longs cheveux, selon l’iconographie connue de Jésus. Conservé dans la basilique de la Sainte Face, le voile de Manoppello présente une structure simple, avec une trame visible à l’œil nu. Il mesure 0,17×0,24 m.
En outre, le visage de Manoppello est visible de la même manière sur les deux côtés, à travers le tissu qui le compose. L’image est représentée avec une couleur brune, légèrement asymétrique, avec une joue plus ronde que l’autre et les pupilles irrégulières. Toutefois, les analyses modernes avec rayons ultraviolets n’ont identifié aucun type de couleurs sur le tissu, preuve que le visage y représenté n’est ni peint ni tissé.
Ce fut un pèlerin inconnu à amener le Voile de Manoppellon en province de Pescara, en 1506. Il le donna au médecin Giacomo Antonio Leonelli et ensuite disparu. La famille Leonelli conserva la relique jusqu’à ce que Marzia Leonelli ne le vende à Donato Antonio de Fabritiis. Puisqu’entretemps le voile s’était abimé, le nouveau propriétaire demanda à père Clément de Castelvecchio de le confier aux soins habiles du frère capucin Remigio de Rapino, qui le plaça dans l’encadrement en noyer refermé entre deux verres dans lequel nous le voyons encore aujourd’hui. Malheureusement pour nous, Père Clément retint inutile de conserver le restant du tissu autour du visage, faisant la taille d’une nappe, effaçant ainsi de précieux indices sur les origines effectives de la relique. À partir de 1638, la relique fut exposée dans l’église de Manopello, en dehors du village, auprès du couvent des Frères Mineurs Capucins, dédié à Saint Michel Archange, où surgit aujourd’hui la basilique de la Sainte Face ou sanctuaire du Saint Voile, une des églises les plus importantes de Manoppello. Le sanctuaire fut élevé à Basilique mineure après la visite de pape Benoît XVI en septembre 2006.
Souvent on a tendance à faire coïncider le Voile de Manoppello avec le voile avec lequel Véronique épongea le visage de Jésus.
Le Voile de Véronique, conservé depuis 1300 dans l’ancienne basilique Saint-Pierre au Vatican à Rome, avait disparu en 1608, après la destruction de la Chapelle qui l’accueillait. Le même voile serait après arrivé à Manoppello, mais cette éventualité va à l’encontre de ce qui ressort des annotations de la « Relatione historica » rédigée par père Donato de Bomba et conservée à L’Aquila, qui témoigne que le tissu était déjà à Manoppello en 1506.
Montée au Calvaire Jésus Samaritain et Véronique résine peinte main 16,5 cm.
Les études amenées au cours des années par le jésuite Heinrich Pfeiffer, et d’autres érudits affirment que la Sainte Face est de fait le suaire posé sur le visage de Christ après qu’il a été placé dans le sépulcre, c’est-à-dire le Voile de Véronique. Les yeux ouverts, la coupe de cheveux, les traces de sang, la conformation du visage, les caractéristiques de la barbe alimenteraient cette hypothèse, en faisant du Voile de Véronique et du Saint Voile la même relique.
D’autres experts ont toutefois trouvé des analogies entre le Voile de Manoppello et le Suaire de Turin. Selon la tradition le Saint Suaire de Turin serait le linceul qui a enveloppé le corps de Christ après la déposition de la croix. Cette relique très précieuse a partagé et fasciné les hommes de toutes les époques avec son mystère immortel.
En particulier, les études de la sœur iconoclaste SœurBlandine Paschalis Schloemer ont pu constater les mêmes traits dans la Sainte Face et dans le Saint Suaire, la forme ovale du visage, la même asymétrie, les cheveux longs, la mèche sur le front, la bouche ouverte. Seule différence les yeux qui, dans le Voile de Manoppello et dans le Voile de Véronique sont ouverts, tandis que dans le Suaire de Turin sont fermés. Cela mis à part, le Visage du Suaire de Turin et celui de Manoppello coïncident parfaitement.
Du couvent des Capucins qui accueillit le Voile de Manoppelle il ne reste aujourd’hui plus grand chose. Donato Antonio de Fabritiis en 1638 offrit l’image sacrée au couvent, celui-ci venait d’être fondé et était dédié à Saint Michel et au Très-Saint-Nom de Dieu. Les frères Capucins furent éloignés pendant l’occupation napoléonienne qui imposait la fermeture des instituts religieux. Confié aux Clarisses, il fut rendu aux Capucins après la Restauration bourbonienne. Entre la fin du XIXe siècle et la moitié du XXe, de nombreuses interventions de restauration ont été accomplies, dénaturant entièrement l’aspect originaire de l’église. Aujourd’hui, on y voit une belle basilique à la façade de pierre blanche et rose, mais la chapelle sur la droite du chœur qui conservait la précieuse relique est restée sensiblement la même. L’intérieur de la Basilique est à neuf unique, enrichie de décorations baroques, et la Sainte Face a été placée dans un précieux reliquaire en argent de manufacture napolitaine remontant au XVIIIe siècle et installé sur un plateau surélevé derrière l’autel.
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